Les leçons de l'Afrique
20 novembre 2013
Le Huffington Post
L'Afrique a beaucoup appris au Fonds mondial et à la communauté internationale au cours des dix dernières années. Les Africains ont acquis des connaissances vitales en matière d'épidémiologie qui leur permettent de savoir comment un investissement peut infléchir l'évolution d'une maladie.
Plus important encore, l'Afrique nous a montré comment nous pouvions mettre en place des partenariats susceptibles de nous aider à investir pour obtenir l'impact le plus marqué, en particulier lorsqu'il s'agit du combat que nous menons contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Dans les villages africains, où vivent de nombreuses personnes infectées par des maladies infectieuses, le moindre trésor, la moindre peine sont partagés. Les gens apprennent à compter les uns sur les autres pour tout.
Ils travaillent ensemble, mangent ensemble, veillent leurs malades ensemble jusqu'à ce qu'ils recouvrent la santé. Face aux fléaux qui les menacent, les villageois unissent leurs forces pour faire front. Ils ripostent en se serrant les coudes pour sauver des vies, défiant par f ois tous les pronostics.
Le partage des responsabilités dans les sociétés africaines où nous travaillons avec nos partenaires nous a inspirés dans le combat que nous menons contre les trois maladies terrifiantes qui frappent un continent tenace. Ces leçons revêtent une importance capitale au moment où le monde entame la dernière phase de la lutte contre ces maladies.
Cet esprit de partage des responsabilités a désormais imprégné de nombreux aspects de notre travail, depuis la collecte de fonds à l'appui de nos interventions, jusqu'à l'investissement dans des programmes grâce auxquels nos partenaires ont pu sauver de nombreuses vies.
En prévision de la conférence des donateurs que les États-Unis accueilleront au début du mois de décembre, 13 chefs d'État africains se feront les porte-drapeaux des efforts visant à obtenir les moyens nécessaires pour les trois prochaines années.
Outre l'appui qu'ils offrent à la reconstitution des ressources du Fonds mondial, les pays africains ont décidé d'accroître leurs dépenses nationales de santé, comme le prévoit la Déclaration d'Abuja de 2001 par laquelle ils s'étaient engagés à ce que les dépenses publiques destinées à la santé atteignent au moins 15 pour cent du total. Le Sommet d'Abuja avait également exhorté les pays bailleurs de fonds à renforcer leur appui en faveur des programmes de santé.
Aide au développement: pourquoi il est impératif de faire appel aux financements i nnovants Pas plus tard que la semaine dernière, les ministres de plusieurs pays de la Communauté de développement de l'Afrique australe se sont réunis au Malawi. Au moment de débattre du financement de la lutte contre les maladies infectieuses, ils ont fermement plaidé en faveur d'un rôle plus actif dans le financement du Fonds mondial.
En Afrique, les partisans de cette idée considèrent que l'augmentation des dépenses de santé dans leurs budgets constitue pour leurs pays une occasion de mieux s'approprier les programmes de lutte contre les maladies et d'en garantir la pérennité. Soucieux de partager les responsabilités, ils ont décidé de jouer un rôle majeur au moment d'écrire les derniers chapitres de ces trois maladies.
Ils estiment que des ef forts collectifs de la part de l'ensemble des partenaires nous permettront de saisir l'occasion historique qui nous est donnée de vaincre ces maladies. Il s'agit là d'un véritable partage des responsabilités, de l'esprit africain.
Les dirigeants se sont montrés résolus à encourager la communauté internationale à renouveler son engagement dans la lutte contre ces maladies infectieuses au travers d'un investissement massif dans le Fonds mondial. Ainsi, le Président du Nigeria et l'un de nos 13 porte-drapeaux, Goodluck Jonathan, coprésidera la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial.
Son engagement montre bien à quel point le financement national est important. Comme l'a fait remarquer récemment l'ONUSIDA, le total des dépenses nationales alloué; es à la prévention, à la prise en charge et au traitement du VIH dépasse désormais l'aide internationale.
Alors même que des ministres de la Santé et des Finances, des acteurs du secteur privé, des partenaires de développement et des dirigeants de la société civile issus de nombreux pays d'Afrique tiennent une réunion avec l'Union africaine, la Banque africaine de développement et le Fonds mondial à Addis-Abeba, nous demanderons tous que soit débattue une hausse des dépenses publiques de santé sur le continent.
En rassemblant ses forces pour atteindre cet objectif, l'Afrique nous rapproche tous de cet instant charnière où nous pourrons fièrement déclarer que nous avons ramené le VIH, la tuberculose et le paludisme au rang d'endémies de moindre ampleur et non plus de pandémies extrêmement préoccupantes pour la santé publique.
Au Fonds mondial, cette unité est, pour nous, une formidable source d'inspiration. Nous continuerons de tirer les leçons de ces efforts. Nous apporterons un appui solide à ces initiatives, car nous savons qu'en ce moment crucial de l'histoire des trois maladies, chaque euro ou chaque pula, chaque dollar ou chaque dinar peut se révéler essentiel pour nous aider à franchir la ligne d'arrivée. Ensemble, nous vaincrons ces maladies.
Article original par Dr. Mark Dybul Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme
Catégorie: Infrastructures générales