L'électricité d'Inga III attire déjà des preneurs: Pretoria compte acheter 2 500 MW des 4 800 MW à produire
3 octobre 2013
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Le projet Inga III Basse Chute constitue un mega deal entre Kinshasa et Pretoria. L'Afrique du Sud s'engage à prendre le gros morceau du courant électrique qui sera produit par Inga III en promettant d'acheter la moitié de l'électricité produite auprès du barrage d'Inga, alors que le coût d'envoi des travaux de construction d'Inga III ne sera donné qu'en o ctobre 2015 et que la mise en service cinq ans plus tard. Pour cela, son président, Jacob Zuma, compte effectuer un voyage à Kinshasa en octobre courant pour sceller un accord entre Kinshasa et Pretoria.
Le courant électrique qui sera produit par Inga III attire déjà des preneurs. Aussi l'Afrique du Sud s'engage-t-elle à acheter la moitié de l'électricité produite auprès du barrage d'Inga, devenant ainsi de fait l'acheteur de référence. Cet accord qui sera scellé lors de la visite du président Jacob Zuma en RDC, courant octobre, rend le projet bancable. Selon les termes du contrat, l'Afrique du Sud achèterait 2 500 Mégawatts, soit plus de la moitié de la capacité totale du projet Inga III (4 800 Mégawatts), à en croire Financial Afrik.
«Nous avons concrétisé notre engagement en provisionnant d'ores et déjà ce poste d'achat à notre programme budgétaire», a souligné M. Garrith Bezuidenhoudt, chef de cabinet au ministère de l'Energie de la République sud-africaine.
Selon le conseiller du gouvernement congolais cité par AFP, un consortium sino-hispano-canadien est en lice pour la réalisation des travaux de ce méga ouvrage : l'un mené par le groupe de BTP espagnol ACS, un autre, chinois, mené par l'entreprise ayant réalisé le barrage des Trois-Gorges sur le fleuve Yangtsé, en Chine, et un troisième mené par le groupe d'in génierie canadien SNC-Lavalin. Ce dernier fait partie de la liste noire de la Banque mondiale à la suite d'une affaire de corruption.
Coût total évalué à 12 -12,5 milliards
Le projet d'Inga III ou le Grand Inga va compléter les deux premiers barrages construits sur le site des chutes d'Inga, dans la province du Bas-Congo, et entrés en service pendant les décennies 1970 et 1980. Le gouvernement congolais estime le coût de la construction autour de 8,5 milliards de dollars, mais compte tenu des frais financiers, le coût total est évalué à 12 -12,5 milliards. L'Etat congolais espère aussi que le projet pourra être financé à hauteur de 1 à 3 milliards de dollars par la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale et l'Agence française pour le développement (AFD).
Le Grand Inga plus grand que le barrage des Trois-Gorges (Chine)
En définitive, la RDC compte construire le Grand Inga d'une capacité énergétique installée de 40 000 MW. En décidant de construire le Grand Inga, le gouvernement congolais a voulu marquer un grand coup à la dimension d'un pays aux dimensions continentales. Le complexe du Grand Inga a pour objectif de fournir massivement à plus de la moitié du continent africain une énergie renouvelable et bon marché. Le barrage Grand Inga aura le double du potentiel de celui des Trois-Gorges sur le fleuve Yangzi Jiang en Chine. Démarré en 1994, le barrage des Trois-Gorges aura coûté plus de 40 milliards d'euros et entraîné le déplacement d'au moins 1,5 million de riverains. Il possède une puissance électrique installée de 22,5 gigawatts, soit 11% de la capacité hydroélectrique du pays.
La première phase de la construction du projet «Inga III Basse Chute», (4.800 MW) devrait démarrer en octobre 2015 en vue d'une mise en service en 2020-2021.
L'étude d'impact environnemental et social a montré que cette phase n'a pas d'incidence sur les populations. Celles-ci ne seront pas affectées par les zones inondées, qui resteront relativement faibles. Inga III n'a ura pas non plus d'impact écologique sur la faune et la flore sur cet espace de savane clairsemée.
«L'originalité de l'étude de faisabilité technique a été de séquencer le projet de Grand Inga en plusieurs centrales», a indiqué Edouard Dahomé, directeur Afrique de EDF, qui, avec les bureaux d'études américain et français Aecom et Nodalis Conseil, a réalisé l'étude de faisabilité du projet. De mythe rêvé depuis 40 ans, Grand Inga se concrétise avec un plan d'actions séquencé en plusieurs centrales, qui seront ajoutées au fil des étapes.
Plusieurs centrales à construire
Le site de Grand Inga offre une combinaison d'éléments naturels exceptionnels : «la zone d'affluence de la Bundi au fleuve Congo présente une chute de 100 mètres sur une quinzaine de kilomètres, avec un débit de 40 000 m3/ seconde.» Inga III se divise en deux opérations. La première, qui démarrera en 2015, est dite Basse Chute, située en aval. Elle n'implique pas un barrage sur le fleuve mais une prise d'eau sur son affluent. Ces conditions permettront de produire une électricité à un coût très attractif. La seconde opération appelée Inga III Haute Chute, avec le barrage du fleuve et le rehaussement de la retenue faite en Basse Chute ajoutera 3 000 MW de capacité. Par la suite, cinq autres centrales seront installées sur le même barrage pour at teindre une capacité de 40.000 MW.
Un dispositif hydroélectrique existe déjà sur le fleuve Congo à ce niveau avec les barrages d'Inga I et Inga II, deux centrales en service depuis 1972 et 1982 respectivement et d'une capacité totale de près de 1.800 MW.
Inga III Basse Chute devrait permettre de combler le déficit en électricité de la RDC et répondre ainsi aux besoins croissants de la population et des industries, en particulier minières et à la demande de l'Afrique du Sud. A cette première phase s'adjoindront de nouvelles étapes qui permettront aux pays d'Afrique Australe, du Nord-est du Continent et d'une partie de l'Ouest de bénéficier de la production du site, selon le site we b www.enerzine.com.
Les questions de transport de l'énergie et de connexion resteront cependant à trancher : «Inga présente un caractère hautement intégrateur, à la fois à l'échelle régionale et au niveau international», a insisté le Ministre Bruno Kapandji Kalala.
Ce projet s'inscrit dans le Programme pour le développement de l'infrastructure en Afrique (Pida), une initiative commune de l'Union africaine, du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), et de la Banque africaine de développement (BAD). Il prévoit la réalisation de projets régionaux dans les secteurs du transport, de l'énergie, des technologies d'information et de la communication (TIC), et la gestion des ressources en eau transfrontalières (GRET).
Article original par Kléber Kungu
Catégorie: Energie