El Gazala, la "Silicon Valley" tunisienne qui se tourne vers l'Afrique

7 novembre 2013

La Tribune

Enseignement supérieur, entreprises, recherche, le pôle tunisien d'El Gazala, proche de Tunis, attire depuis plus de dix ans les profils et projets high-tech. En pleine expansion, ce techno-parc tunisien vise l'Afrique.
« Vous connaissez la Silicon Valley. Eh bien ici, c'est une petite Tunisian Valley.

Au-delà de la formule, El Gazala Technopark a réussi à séduire, depuis son ouverture en 2001, des géants des TIC, mais aussi des PME étrangères et tunisiennes. La spécificité du pôle est de réunir sur un même site écoles d'ingénieurs de haut niveau, entreprises et labos de recherche.

Les filiales de grands groupes comme Alcatel Lucent, Microsoft, Ericsson, STMicroelectronics, ou encore le chinois Huawei ont fait le choix de s'installer dans le seul parc tunisien qui dépend directement du ministère des Technologies de l'Information.

Beaucoup de sociétés tunisiennes avec lesquelles contractent ces géants du high-tech sont aussi sur place. C'est le cas d'Escom, qui fournit équipements et supports techniques à la majorit é des opérateurs téléphoniques en Afrique subsaharienne et parfois au-delà.

« La principale incitation pour nous est d'être au cœur de l'action, commente son PDG, Khaled Turki. Nos clients sont autour, les universités aussi : on recrute directement dans ce vivier. »

Escom compte 150 employés dont 20 % d'ingénieurs. Selon son PDG, cette complémentarité explique l'attrait d'El Gazala, au-delà des atouts de la Tunisie :

« Une main d'œuvre qualifiée, avec de fortes compétences techniques pour un coût limité. »

Seul problème, le turnover : ces cadres sont souvent débauchés par de grands groupes qui leur proposent un salaire plus attractif.

15 cyberparks créés sur le modé le d'El Gazala
Autre avantage significatif : le prix du mètre carré dans le pôle est plus qu'abordable. Le technopark, qui abrite aussi un incubateur d'entreprises et des pépinières de start-up, est presque à saturation. Ses 65 hectares ne suffisent plus pour satisfaire les demandes d'implantation, et deux extensions sont donc en construction. Ici, certaines entreprises connaissent un développement rapide.

C'est le cas d'Iteslab. Ses locaux ne paient pas de mine mais Mahfouz Aouichi, son dirigeant, voit grand. Cet ingénieur a travaillé pendant dix ans pour des multinationales (Alcatel, Sagem, LG) :
« J'aurais pu y rester dix ans de plus, mais la Révolution a constitué une opportunité : j'ai eu envie de développer mon propre produit. Désormais, je peux le faire sans avoir peur de me le faire voler ou qu'on me propose un partenariat forcé : le climat est plus honnête. »

Au technopark, cet ingénieur devenu entrepreneur peut bénéficier du réseau de partenaires, de formations, d'un appui conseil et marketing, etc. Ses huit employés (dont six stagiaires diplômés du pôle) sont d'ailleurs en formation via un programme européen.

Iteslab, en passe de breveter le système de vidéo surveillance et tracking qu'il veut développer, bénéficiera aussi pour cela d'un accompagnement fourni par le parc.

El Gazala a aussi fait des petits dans d'autres régions, en ces lendemains de révolution où les Tunisiens cherchent à développer les zones les moins favorisées. Quinze cyberparks incub ateurs d'entreprises existent sur le territoire.

Là aussi le panachage est de mise : aider des projets innovants qui démarrent (les trois premières années, le loyer est gratuit), attirer des activités créatrices d'emploi comme les centres d'appels, mais aussi des filiales de grands groupes.

Quant à El Gazala technopark, son projet est aussi de s'exporter, avec des entreprises tunisiennes qui souhaitent s'installer à l'étranger. Madagascar d'abord, puis l'Afrique subsaharienne, au Nigeria.

Article original par Stéphanie Wenger



Catégorie: TIC

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